Dans l’article précédent « Quand un accompagnement semble bloqué… Et si un traumatisme enfoui était la cause ? », nous avons exploré ces blocages émotionnels qui surgissent parfois dans le travail d’un professionnel de l’accompagnement : ces moments où, malgré l’utilisation d’outils thérapeutiques, l’établissement d’une alliance de qualité et une posture profondément engagée, le changement reste figé. Comme si quelque chose résistait, au-delà de la parole, au-delà de la technique.

Ces situations, fréquentes dans les pratiques d’accompagnement en coaching ou en thérapie, ne sont pas des signes d’échec. Elles signalent souvent la présence de blessures émotionnelles, de traumatismes psychologiques enfouis, de souffrances non verbalisées qui continuent d’agir dans l’ombre, limitant l’impact des interventions classiques centrées sur l’action ou la résolution de problème.

Et si, plutôt que de chercher à relancer à tout prix la dynamique du changement, la clé résidait dans une approche plus réparatrice et intégrative ?

C’est ici que le processus de résilience prend tout son sens. Non comme une simple capacité à rebondir, mais comme un chemin d’intégration et de reconstruction intérieure, indispensable pour permettre une transformation durable chez vos clients ou patients.

 

La résilience, une dynamique de reconstruction intérieure

Dans le langage courant, on parle souvent de résilience psychologique pour désigner la capacité à “rebondir” après un choc. Mais cette vision, bien qu’utile, reste incomplète lorsqu’on parle d’accompagnement thérapeutique ou de coaching en profondeur.

La résilience, au sens clinique et humain du terme, est un processus dynamique, multifactoriel et évolutif par lequel une personne, confrontée à une épreuve traumatique, parvient à se reconstruire autrement, en intégrant ses blessures émotionnelles dans une nouvelle vision d’elle-même et de la vie. Elle ne revient pas simplement à l’état d’avant : elle transforme la douleur vécue en levier d’évolution intérieure, en redéfinissant ses repères, ses liens, et parfois même son identité.

Être résilient, ce n’est donc pas être invulnérable, ni effacer le passé. C’est être capable, malgré la blessure, de faire place à une transformation active. La résilience émotionnelle consiste à traverser la douleur plutôt qu’à la contourner, à la reconnaître pour pouvoir ensuite la métaboliser, et en faire un socle de croissance.

« La résilience, c’est l’art de naviguer dans les torrents. » –Boris Cyrulnik 

Les étapes du processus de résilience

Le processus de résilience est un processus naturel de transformation intérieur. Il se rapproche du processus de deuil en ce qu’il s’agit de parcours psychologiques complexes suite à une épreuve majeure. Tous deux visent à intégrer une réalité douloureuse et à retrouver un équilibre, mais la résilience va plus loin en impliquant une transformation profonde de la personnalité.

Le processus de deuil suit généralement cinq étapes : choc et déni, colère, marchandage, dépression, puis acceptation. Ces phases sont souvent non linéaires, avec des émotions qui ressurgissent et s’entremêlent.

Le processus de résilience partage cette dynamique émotionnelle, mais nécessite également un travail de libération de la culpabilité et de la recherche de sens, pour dépasser le traumatisme. C’est un cheminement complexe qui combine des dimensions psychologiques, émotionnelles et relationnelles pour permettre une véritable réparation intérieure. Il ne s’agit pas simplement de surmonter une épreuve, mais de transformer profondément son être.

Ce cheminement se déploie en trois étapes clés :

  • Tenir face à l’effondrement
    Dans un premier temps, la personne mobilise toutes ses ressources internes et externes pour tenir face à l’impact du choc. Ce réflexe de préservation protège la cohérence psychique et évite la désorganisation. Boris Cyrulnik parle alors d’un « tuteur de résilience », soutien humain indispensable pour maintenir une forme de stabilité émotionnelle malgré la tourmente.

 

  • Intégrer et réparer
    Une fois le chaos traversé, le travail d’intégration émotionnelle peut commencer. Il s’agit ici de reconnaître les blocages profonds, d’exprimer les émotions enfouies, de donner un sens à ce qui a été vécu. Cette phase s’appuie sur le lien relationnel, le récit de soi et l’élaboration symbolique du traumatisme. C’est le cœur de la réparation intérieure : la douleur n’est pas niée, mais transformée.

 

  • Se reconstruire autrement
    La dernière étape engage un véritable mouvement de transformation psychologique. La personne redéfinit ses repères, son identité, et sa trajectoire de vie. Le traumatisme devient non plus une faille, mais un point d’appui pour une nouvelle croissance. C’est le temps de la résilience émotionnelle pleinement assumée, de la cohérence retrouvée entre les dimensions psychologique, émotionnelle et relationnelle.

 

La résilience, sujet central des accompagnements

 

Selon Boris Cyrulnik, 90 % des individus vivront un événement potentiellement traumatique au cours de leur vie. Parmi eux, certains développeront un trouble de stress post-traumatique (TSPT), d’autres non. La différence ne se joue pas uniquement sur l’intensité du choc, mais surtout sur les ressources psychologiques, émotionnelles et relationnelles disponibles à ce moment-là.

Les personnes que nous accompagnons ont souvent traversé des blessures émotionnelles profondes : deuils, ruptures, violences symboliques ou physiques, insécurités précoces. Ces expériences peuvent laisser des mémoires traumatiques qui, même des années plus tard, se manifestent sous forme de blocages émotionnels profonds, de comportements de sabotage ou d’impuissance, voire de somatisations.

C’est pourquoi la résilience psychologique doit être au cœur de notre posture. Elle ne se limite pas à “avancer malgré tout”. Elle implique de comprendre les résistances comme des formes de protection, et non comme des obstacles à dépasser par la seule volonté. Pour qu’une personne puisse se reconstruire autrement, elle a besoin d’un cadre sécurisant, d’un lien de confiance et d’un professionnel formé pour soutenir cette traversée.

 

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