Vous êtes coach, thérapeute, psychopraticien ou professionnel de la relation d’aide, et il vous est sûrement déjà arrivé de ressentir ce moment de frustration au cours d’un accompagnement : tout semble bien se passer, votre client parle, participe, utilise les outils, exprime une envie de changement. Pourtant, au fond, vous avez l’impression qu’il y a un mur invisible, un blocage profond qui l’empêche réellement d’avancer.

Vous testez plusieurs méthodes, vous variez les approches, parfois même vous changez totalement de cadre pour essayer de débloquer la situation. Mais rien ne change durablement. Vous laissez du temps au temps, vous respectez les silences, vous essayez d’écouter entre les lignes.

Et parfois, une voix discrète émerge en vous, presque comme un murmure :« Il y a quelque chose de plus profond, de plus ancien… quelque chose qui résiste, et que je n’arrive pas à toucher. »

Ce ressenti, bien plus fréquent qu’on ne le croit, fait partie intégrante de l’expérience de nombreux professionnels de l’accompagnement. Ce n’est ni un échec, ni un manque de compétence. C’est souvent le signe qu’un élément invisible – une blessure, un vécu non digéré – agit encore en arrière-plan, freinant le processus de transformation. 

Dans cet article, nous vous proposons de plonger au cœur de ce qui se joue réellement derrière ces résistances silencieuses.Une exploration des traumatismes enfouis, de leur impact méconnu… et des premières pistes pour ouvrir un regard nouveau sur votre posture d’accompagnant.

Le traumatisme : une réalité discrète mais omniprésente

On imagine souvent le traumatisme comme un choc spectaculaire, un événement dramatique qui bouleverse brutalement une vie. Mais dans la réalité, il est souvent bien plus discret. Il peut se loger dans des expériences répétées d’abandon, d’humiliation, de manque de sécurité ou de non-reconnaissance. Il peut s’inscrire dans les silences, les absences, les petites blessures jamais nommées.

Le traumatisme ne se mesure pas à la gravité apparente de l’événement, mais à la manière dont il a été vécu — ou plutôt, à ce qui n’a pas pu être exprimé, partagé, entendu.

Selon Boris Cyrulnik, neuf personnes sur dix vivront un traumatisme au cours de leur vie. Ce chiffre n’a rien d’anecdotique : il souligne à quel point ces expériences sont communes… et pourtant souvent ignorées dans leur profondeur psychique.

« La résilience n’est pas une qualité innée, mais un processus qui se construit dans la relation à l’autre, dans la possibilité d’un récit qui réintègre l’événement traumatique. »— Boris Cyrulnik

Cela signifie qu’une grande majorité des personnes que vous accompagnez ont, un jour ou l’autre, été confrontées à une forme de traumatisme, qu’elles en aient conscience ou non.

Et c’est là toute la complexité : ces blessures profondes laissent rarement des traces visibles. Elles s’impriment dans la mémoire émotionnelle, dans le corps, dans des réflexes de protection devenus invisibles mais toujours actifs. Elles façonnent des stratégies de survie parfois très efficaces… mais qui, avec le temps, deviennent des freins à l’évolution.

Un traumatisme non reconnu peut agir comme une force de blocage interne. Il ne s’oppose pas au changement de façon consciente. Il le redoute, inconsciemment. Même si la personne veut avancer, une partie d’elle reste figée, en état d’alerte. Comme si son système disait :

« Avancer, c’est risquer. Et risquer, c’est dangereux. »

C’est ainsi que naissent, dans les accompagnements, ces résistances que ni vous ni votre client ne comprenez. Ce n’est pas une mauvaise volonté, ni un manque d’implication. C’est un écho ancien, silencieux, mais encore actif. Un verrou émotionnel forgé à un moment où survivre était plus urgent que comprendre.

Quand la mémoire émotionnelle prend le dessus

Ces blessures, enfouies parfois depuis l’enfance, peuvent se manifester de nombreuses façons dans l’accompagnement :

  • Une sensation de stagnation malgré l’investissement du client,
  • Une répétition de schémas de sabotage ou d’auto-exclusion,
  • Une difficulté à se projeter, à faire des choix ou à ressentir,
  • Ou encore des réactions disproportionnées à des événements bénins.

Dans certains cas, elles peuvent relever d’un Trouble de Stress Post-Traumatique (TSPT), avec des symptômes comme :

  • Des flashbacks ou des sensations de revivre l’événement,
  • Une vigilance excessive, difficile à apaiser,
  • Des cauchemars, des troubles du sommeil,
  • Un évitement des lieux ou des situations perçus comme menaçants,
  • Une humeur instable, entre irritabilité, anxiété et découragement.

Mais dans bien d’autres cas, le traumatisme ne se manifeste pas de façon aussi marquée. Il agit à bas bruit, créant des zones de blocage, d’inhibition ou d’auto-protection, souvent confondues avec un simple manque de motivation ou de clarté.

Quand les outils classiques ne suffisent plus

Face à ces résistances invisibles, les outils de coaching ou de thérapie peuvent se révéler inefficaces, voire inadaptés. Ils glissent à la surface, sans parvenir à atteindre la racine de ce qui entrave.Ce n’est pas que votre approche est mauvaise. C’est qu’elle touche ses limites quand l’enjeu n’est plus cognitif ou comportemental, mais émotionnel et profondément archaïque.

Le client ne comprend pas ce qui le freine. Vous non plus.
Et pourtant, quelque chose vous dit qu’un verrou ancien empêche l’évolution.
Un événement non digéré. Une douleur restée hors-champ. Une histoire figée dans le silence.

Et si c’était là que tout commençait ?

Quand un accompagnement semble bloqué, ce n’est pas toujours un obstacle à dépasser. C’est parfois une invitation. Celle de regarder différemment. De ralentir. D’écouter autrement.

Et si ce que vous perceviez comme une impasse… était en réalité l’entrée d’un autre chemin ?
Un chemin plus profond, plus lent, parfois plus inconfortable, mais infiniment plus humain.

Un chemin où l’on cesse de vouloir “faire avancer” à tout prix…
Pour, peut-être, commencer à accueillir ce qui a été figé

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